Le soleil a presque complètement émergé au-dessus des haies lorsque je quitte Lanvéoc aux alentours de 7h30. Une longue étape m’attend aujourd’hui, avec l’objectif d’atteindre la pointe de Pen-Hir, à l’extrémité de la presqu’île de Crozon. Au début, le sentier entre Lanvéoc et la presqu’île de Roscanvel ne présente pas grand intérêt, mais le paysage évolue peu à peu. J’abandonne la forêt et la boue pour un chemin côtier offrant une vue sur la mer, un sentier tel que je l’aime : un mélange de terre et de rocailles, bordé de fougères et de ronces.
J’aperçois l’île Longue avec sa base militaire de sous-marins nucléaires. Le GR34 s’écarte légèrement vers l’intérieur des terres pour contourner cette zone.
Je prends une courte pause au soleil sur un banc près de la chapelle Saint-Fiacre, puis je repars, avec l’île des Morts en vue au large.
Ensuite, la végétation se transforme en une lande parsemée d’ajoncs et de bruyère en fleurs, rappelant les paysages du Cap Fréhel. Le sentier serpente sur les collines à travers cette lande.
Après la plage de Trez Rouz, j’arrive à Camaret-sur-Mer à midi, après avoir parcouru 16 km avec mon sac à dos «Pépère», qui pèse 11 kg—un véritable exploit !
Serais-je pressé de franchir le cap des 1000 km de GR34 à la pointe de Pen-Hir ?
Je laisse mon sac pour la nuit à l’auberge de jeunesse située sur le port. Après un pique-nique, je visite Camaret avant de poursuivre le sentier côtier.
Le quartier des artistes
À Camaret-sur-Mer, près du port de plaisance, se trouve un quartier unique qui semble hors du temps et invite à la détente. Ce «quartier des artistes» abrite 25 ateliers où l’on peut découvrir divers styles artistiques. L’histoire de ce lieu remonte à 1992, lorsque le sculpteur Jean-Claude Le Roux, séduit par le charme des ruelles du quartier Saint-Thomas, décide avec des amis artistes de revitaliser cet endroit qui avait vu de nombreuses boutiques fermer. Trente ans plus tard, le quartier est devenu un espace vibrant de créativité, particulièrement animé chaque été.
Près du port de Camaret-sur-Mer, on trouve regroupés la chapelle Notre-Dame de Rocamadour, le Tour Vauban et un cimetière à bateaux.
La Tour Vauban
Au début de 1689, Louis XIV, craignant une attaque sur Brest, envoya Vauban à Camaret-sur-Mer pour renforcer les défenses. Vauban fit construire un fortin hexagonal avec des salles voûtées. Ce fortin comprenait une batterie semi-circulaire au pied de la tour, un four à boulets rouges, et un corps de garde équipé de meurtrières pour défendre le pont-levis. Le fossé entourant le fort se remplissait avec la marée montante grâce à des murs en pierres non cimentées. Construit avec des pierres du fond du port et revêtu de ciment rouge, le fort résista à un siège des Anglais en 1694.
Chapelle Notre-Dame-de-Rocamadour
La chapelle, commencée en 1527, présente une nef avec deux bas-côtés et un chœur carré. Les fenêtres ont perdu leurs réseaux de pierre, et le clocheton du pignon, reconstruit en 1685, a une flèche tronquée. En 1910, un incendie a détruit tout le mobilier et le lambris du 16e siècle.
Ensemble défensif de la pointe de Toulinguet
La pointe du Toulinguet, fortifiée depuis le 12e siècle, abrite une tour-réduit érigée en 1812 et renforcée en 1884 par un mur défensif. Des vestiges des aménagements de Vauban subsistent près du phare de 1849.
Les ruines du château de Saint Pol Roux
Le manoir de Coecilian a été bombardé en août 1944 par les avions alliés et complètement détruit par les incendies. Au début du XXIe siècle, il ne subsiste que quelques vestiges de cette ancienne demeure.
Musée mémorial international de la Bataille de l’Atlantique
Le Mémorial de la Bataille de l’Atlantique à Camaret-sur-Mer, situé dans un ancien blockhaus de la Seconde Guerre mondiale sur le site du fort de Kerbonn, commémore la perte de plus de 45 000 marins et 5 125 navires. Il évoque l’histoire de la bataille et le rôle des marins de la France libre.
La pointe de Pen Hir
Cette pointe en grès armoricain, connue sous le nom de Pen Hir, a captivé de nombreux artistes par sa forme unique et ses célèbres Tas de Pois, des pointillés vers l’océan qui continuent de fasciner les visiteurs. La pointe de Pen Hir, ou « longue pointe » en français, est sans doute l’une des plus impressionnantes de Bretagne. Bien qu’elle ne soit pas la plus avancée vers l’infini Océan Atlantique, elle est certainement la plus envoûtante. On y croise des randonneurs empruntant le GR34, des grimpeurs s’attaquant aux nombreuses voies d’escalade, ainsi que des visiteurs venus se recueillir au pied de la grande croix de Lorraine en hommage aux Bretons de la France Libre.
Monument aux Bretons de la France libre, dit Croix de Penhir
La croix de Penhir, érigée entre 1949 et 1951 à Camaret-sur-Mer sur un terrain donné par la commune, commémore les groupes de Français Libres Bretons ayant fondé Sao Breiz en Grande-Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Commandée par l’Association des Français Libres, elle a été conçue par l’architecte Jean-Baptiste Mathon et le sculpteur Victor-François Bazin, et inaugurée par le Général de Gaulle le 15 juillet 1951. Le monument combine une architecture moderne en croix de Lorraine avec des éléments de régionalisme, comme l’utilisation de matériaux locaux et des inscriptions en breton.
La borne des 1000 km du GR34
La borne des 1000 km du GR34, située à la Pointe de Pen-Hir en Presqu’île de Crozon, a été inaugurée le 7 septembre 2018, lors du jubilé de cette grande randonnée de 2000 km reliant le Mont Saint-Michel au Pont de Saint-Nazaire. Offerte par le sculpteur Alain Médane de Lanvéoc, cette borne en granit à la pointe de Pen-Hir est à mi-chemin du GR34, le célèbre sentier côtier également connu sous le nom de chemin des douaniers. La Pointe de Pen-Hir est également le point de départ du GR37, qui serpente à travers le cœur de la Bretagne.