Pendant mes vacances du mois de mai, je poursuis mon tour de la Bretagne par le GR34, aussi appelé sentier des douaniers. Parti du Mont Saint-Michel en 2019, c’est le sixième tronçon que je vais parcourir sur ce sentier. Au départ de Guissény, je vais marcher jusqu’au au Faou dans le Finistère pendant 12 jours avec mon sac à dos.
Je vais ainsi découvrir les trois abers du Finistère et la Côte d’Iroise avec ses paysages d’une grande diversité : falaises, dunes, landes, îles… Ensuite, en route pour le bout du monde à la pointe de Corsen : le point le plus à l’Ouest en France métropolitaine. En poursuivant vers le sud, je vais passer la Pointe Saint Mathieu avant de m’enfoncer dans le Goulet de Brest en longeant de nombreux forts. Ensuite, je traverserai la Presqu’île de Plougastel, célèbre pour ses fraises. Après une étape à Daoulas et sa fameuse abbaye, j’atteindrai la petite cité de caractère du Faou et son riche patrimoine datant du 11ème siècle.
Guissény
Ce premier matin, je me lève très tôt car je dois rejoindre Guissény en empruntant un TER et 2 bus et ensuite j’ai 20 kilomètres à parcourir jusqu’à Kélerdut.
Le bus me dépose devant la mairie de Guissény vers 10h15. Avant de reprendre le GR34 non loin de là, je vais voir l’église Saint-Sezni de Guissény et son enclos paroissial avec sa chapelle-ossuaire, son calvaire et son cimetière. Au 5ème siècle, le moine irlandais Saint Sezni aurait fait bâtir à cet emplacement un monastère.
Je rejoins ensuite le GR34 au niveau d’un lycée en béton gris foncé, pas très appétissant. Je revois l’autre rive de l’anse de Tresseny que j’avais parcouru l’année dernière en mai. Je m’arrête peu de temps après avoir commencé à marcher car j’ai un petit creux, sans doute lié au lever matinal. Une banane et du chocolat recharge mes batteries et je repars.
La digue de Curnic
Le corps de garde du Dibennou est un point de surveillance du réseau littoral entrepris par Vauban. Il permet la liaison par signaux avec Kerlouan (Meneham) et Plouguerneau.
Après avoir passé le corps de garde, je suis dévié de la presqu’ile de Dibennou. J’atteins ensuite la digue de Curnic et le marais du même nom où on peut observer des aigrettes et des cormorans.
Le marais du Curnic est l’un des nombreux espaces gagnés par les hommes sur la mer au 19ème siècle. Un bras de mer prolongeait autrefois la baie de Porz Olier et entrait dans les terres. Avec la construction de la digue, les étendues marines se sont transformées en polder cultivé par l’homme. Le paysage a été ainsi transformé en quelques années.
Entre eau douce et eau salée, la digue du Curnic sépare l’étang et les marais du Curnic. Ce sont douze hectares autour de l’étang de la digue du Curnic et de l’anse de Tresseny comportant des dunes, des prairies humides et des tourbières. Une grande variété d’espèces et de végétations se trouve au sein du marais.
Constatant que le ciel se charge et devient noir et que ca gronde autour de moi, je cherche un endroit pour déjeuner avant que la pluie arrive. Je m’installe sur une table à l’abri du vent sur le côté de l’école de voile peu de temps après la digue de Curnic.
Comme c’est mon anniversaire aujourd’hui, je le fête dignement avec une part de flan que j’ai emporté et des bougies. Malheureusement, le vent m’empêche de les maintenir allumées !
Je repars alors que l’orage gronde derrière moi et je prends soin de sortir ma veste de pluie de mon sac à dos pour l’avoir à portée de main.
Peu de temps avant la presqu’île de Koréjou, le GR34 passe sur une piste forestière qui est bordée d’arbres tombés lors de la tempête Ciaran en novembre 2023.
Le calvaire de l’Estran
A la presqu’île de Koréjou, le ciel est si noir que je m’équipe pour la pluie (guêtres et sur-sac) et je prends ma veste à la ceinture. Peu de temps après, la pluie commence à tomber doucement alors que j’ai commencé le tour de la presqu’île sur laquelle se trouve un corps de garde puis une drôle de construction avec des statues : le calvaire de l’Estran.
Il est composé de nombreuses sculptures réalisées par un sculpteur local : François Breton. Le calvaire est dédié au souvenir des goémoniers et gens de mer de Plouguerneau. Il a été commencé en 2006 et devait comporter 300 statues et être réalisé en dix ans. En 2024, seul la moitié du calvaire monumental est achevé et l’auteur continue son œuvre sans aucun plan !
La chapelle Saint-Michel
A la pointe de An Dol Ven, je quitte le sentier pour aller voir la chapelle Saint-Michel, faisant partie autrefois de la paroisse de Tréménec’h, aujourd’hui intégrée à Plouguerneau. Cette chapelle est dédiée à Saint Michel Le Nobletz (1577-1652), natif de Plouguerneau. L’édifice tomba en ruines sous la Révolution : on le restaura en 1828. Par testament du 6 juillet 1836, Casimir Le Roux légua deux parcelles de terre à la fabrique « pour réparations et entretien de Saint-Michel ». Une cloche est bénite pour Saint-Michel en 1915. On y trouve deux fontaines à dévotion : l’une enfouie au pied de l’autel et l’autre porte le nom de Aotig ar Feunteun.
Le phare le plus haut d’Europe
Après la grève Blanche, je passe au pied de l’éperon barré de Beg Monom puis après la pointe de Porz Gwen, je commence à apercevoir le phare de l’île Vierge, le plus haut d’Europe avec ses 83 mètres.
Construit en pierre de taille et moellons de granit, il est mis en service en 1845. Il est constitué d’une tour de plan carré surmontant un bâtiment rectangulaire abritant le logement des gardiens. Le phare est électrifié en 1956 et reste aujourd’hui, le plus haut phare d’Europe et le plus haut du monde construit en pierre de taille.
J’atteins le joli village de Kélerdut où je fais étape pour ce premier jour. Ma chambre d’hôte est entourée de blocs de rochers.