Une rencontre matinale au Guilvinec
Une belle journée de soleil est annoncée, mais c’est sous les nuages que je commence à marcher. Au port du Guilvinec, j’aperçois une randonneuse avec un gros sac à dos : visiblement, elle fait le GR34. Plutôt que de marcher chacune à 10 mètres l’une de l’autre, je l’aborde. Nous faisons un bout de chemin ensemble pendant environ une heure.
Elle s’appelle Anne, vient de Lille, et a entamé son parcours à Morlaix, ayant déjà parcouru la section entre le Mont-Saint-Michel et Morlaix. Elle espère atteindre Lorient le 24 mai — j’y prévois mon arrivée pour le 28.
Anne est une grande baroudeuse : elle a traversé seule la Nouvelle-Zélande du nord au sud, et compte prochainement faire la traversée des Vosges aux Pyrénées à pied, soit 3000 km. Elle marche une trentaine de kilomètres par jour. Elle a eu quelques mésaventures en avril : une tempête à Portsall a cassé sa tente. Elle a dû interrompre sa marche pour en acheter une autre… plus résistante.
Aujourd’hui, elle file vers Pont-l’Abbé récupérer une batterie de secours : la sienne a été volée dans un camping.
Seule sur le sentier
Je fais une pause et la laisse poursuivre. Je vais admirer le menhir du Reun, haut de six mètres et classé Monument Historique, perché à 8 mètres au-dessus de la mer, où des gravures préhistoriques énigmatiques marquent les rochers, avant de reprendre le chemin pour longer la plage de Kersauz.


Après la pointe Goudoul et ses drôles de rochers, le sentier traverse Lesconil et son joli petit port. La Pointe de Goudoul, à Lesconil, est un site rocheux impressionnant où l’on trouve des rochers aux formes étonnantes comme le géant endormi ou l’éléphant blanc.




Je passe devant une propriété qui a installé une station météo à pierre : un galet suspendu au bout d’une ficelle indique le temps. Au moment où je passe, il se balance : « Vent ou y’a un droche qui l’a touché », précise l’écriteau. Ce qui signifie : « Le galet bouge soit parce qu’il y a du vent, soit parce qu’il y a quelqu’un qui l’a touché. »

Pique-nique aux Sables Blancs
Après Lesconil, c’est la grande et belle plage des Sables Blancs. Je m’arrête pour pique-niquer sur un banc surplombant la mer. Il fait chaud, des baigneurs sont déjà dans l’eau. Je repars sans trop tarder, espérant trouver un coin d’ombre pour une pause plus tard.


Le sentier alterne petites ruelles et passages sur le sable. Je marche un moment avec un petit groupe d’amis qui parcourt le GR34 en aller-retour pendant cinq semaines, pour voyager plus léger. Nous nous séparons avant le petit phare qui signale l’entrée de Loctudy. Le phare de Langoz, en service depuis 1863 et automatisé en 2004, marque l’entrée du chenal du port de Loctudy et signale un amas rocheux. Situé sur la plage de Langoz, il se reconnaît à sa tour blanche avec une base rouge.

Traversée vers l’Île-Tudy
Après quelques courses à Loctudy, je me rends à la cale pour prendre le passeur vers l’Île-Tudy. Surprise : le bateau n’accoste pas ici, mais au port de plaisance, deux kilomètres plus loin.
J’y arrive… juste à temps pour le voir s’éloigner. Trente minutes d’attente forcée. La traversée dure à peine cinq minutes, mais offre une belle vue sur la tourelle des Perdrix, reconnaissable à ses damiers noir et blanc.
Symbole de Loctudy et de l’Île-Tudy, la tourelle des Perdrix, construite en 1889, signale une roche dangereuse. Initialement rouge, elle arbore depuis 1947 ses fameux damiers noirs et blancs. Bien qu’elle ait été remplacée par des bouées en 2000, elle est toujours préservée par les communes.
Le passeur « Le P’tit Bac » assure la traversée entre Loctudy et l’Île-Tudy en 5 minutes, évitant un détour de 16 km par la route. Le trajet offre une belle vue sur la tourelle des Perdrix, les bateaux du port et une grande variété d’oiseaux marins comme les hérons, aigrettes ou spatules.



À l’arrivée à l’Île-Tudy, je marche encore deux kilomètres jusqu’à ma chambre d’hôtes, où je vais rester deux nuits. Demain, je pourrai marcher avec un sac allégé.
Retour par la plage
Une fois installée, je repars flâner sur le port pour repérer les restaurants. Je rentre par la plage, les pieds dans l’eau, ravie de cette belle journée.
Distance parcourue : 25 km