Aujourd’hui, c’est Pépère — mon gros sac à dos — qui reprend du service. Après quelques jours de marche avec un sac léger, je repars en itinérance pour la suite de ce tronçon. Depuis Concarneau, je prends le bus jusqu’à Plouhinec, point de départ de mon étape, avec un sac bien chargé. Après deux heures de trajet et un changement à Quimper, me voilà prête à reprendre le chemin.

Le temps est frais, et le vent fort, soufflant de face, ce qui ralentit un peu ma progression. De nombreuses averses courtes m’obligent à garder ma veste de pluie jusqu’en milieu d’après-midi. Sur le chemin, je croise un randonneur impressionnant : il parcourt le GR34 dans son intégralité depuis le Mont-Saint-Michel. En cinq semaines, il a déjà avalé plus de 1100 km, et à son allure, il bouclera bientôt l’ensemble du sentier, soit 2100km.
La nécropole mégalithique de la pointe du Souc’h
Le parcours commence par un corps de garde, puis longe une immense nécropole mégalithique.

La nécropole de la pointe du Souc’h, à Plouhinec, date de 4500 à 3500 avant J.-C. Elle est composée d’une tombe en fosse et de cinq dolmens, autrefois recouverts d’un grand tas de pierres de 35 mètres. Elle se trouve sur une colline qui surplombe la baie d’Audierne.

Ce lieu servait à enterrer les morts et à montrer l’occupation du territoire. Visible depuis la mer, il montre comment les rites funéraires ont évolué au Néolithique. Construite avec des pierres locales, la nécropole a été modifiée six fois. Elle est classée Monument Historique depuis 1979 et peut être visitée.


L’allée couverte de Pors Poulhan
À proximité, une allée couverte, connue depuis 1835, a été fouillée entre 1986 et 1987, puis restaurée en 1988-1989. Les objets découverts témoignent d’une occupation prolongée, du Néolithique final jusqu’à l’époque gallo-romaine.


Au cœur du pays Bigouden
Plus loin, je dépasse le petit port de Pors-Poulhan, marqué par une statue de Bigoudène, symbole emblématique du pays Bigouden.

La frontière entre le Cap-Sizun et le Pays Bigouden se fait au port de Pors-Poulhan. Sur la rive sud, une statue de Bigoudène de René Quillivic. Sur son socle on peut lire « AMA ECHU BRO BIGOUDEN », ce qui signifie : « Ici finit le pays Bigouden ». La rive nord est dominée par un phare rouge et blanc, protégeant un petit port abritant une flottille colorée de barques traditionnelles.

Le sentier est bordé de nombreux fours à goémon, certains encore bien conservés, avec leurs cloisons en pierre qui permettaient autrefois de séparer les pains de soude après la combustion du goémon.


Le menhir des Droits de l’Homme
Je fais également une halte au menhir des Droits de l’Homme, érigé en 1840 pour commémorer les 600 marins morts lors du naufrage du vaisseau Les Droits de l’Homme en janvier 1797. Major Pipon, survivant du drame, fit graver le monument plus de 40 ans après. Il honore la mémoire des disparus.

Un détour s’impose pour admirer la chapelle Notre-Dame de Penhors et son calvaire. La chapelle, avec des parties du 13e siècle, a été reconstruite au 15e et agrandie au 16e siècle. C’est un lieu important de pèlerinage bigouden. Elle appartenait au prieuré de Locmaria jusqu’à la fin du 18e siècle, puis a été vendue à un particulier.

Le chemin est assez monotone aujourd’hui : une longue dune de galets de cinq mètres de haut s’étire sur plusieurs kilomètres, entrecoupée de petits marais. Le bruit incessant des vagues sur les galets accompagne mes pas, et quand le sentier s’éloigne un peu de la côte pour contourner un marais, le silence fait un bien fou.

Arrivée à Plovan
J’arrive enfin à Plovan, où je passe devant l’église Saint Gorgon et son calvaire. Construite à la fin du XIIIe siècle dans le style de Pont-Croix, cette église a été reconstruite en 1791, tandis que son clocher date de 1520.
Après quelques jours de sac léger, je suis contente de déposer Pépère, mon gros sac qui commence à peser lourd sur mes épaules, et de m’installer enfin dans mon petit studio.


Le poids du sac et la préparation minutieuse
Comme il n’y a pas de ravitaillement possible pendant trois jours, j’ai embarqué près de 2 kg de nourriture au fond du sac. Le reste de mon équipement est réparti dans trois sacs étanches : un pour les sous-vêtements, un autre pour une tenue de randonnée de rechange, et le dernier pour les vêtements de nuit et une polaire chaude. J’ai aussi une veste et un pantalon imperméables, en remplacement de la cape qui se déchirait dans les ajoncs ou les ronces au bord du chemin. Enfin, j’emporte une serviette de toilette, un drap de soie, une mini trousse de toilette, une trousse à pharmacie, de la crème solaire, un chapeau, des lunettes de soleil, des raisins secs et 1,5 litre d’eau.

Ce soir, au menu : lyophilisé. Pour le petit-déjeuner, ce sera un morceau de baguette un peu écrasé au fond du sac, accompagné de sticks de confiture, d’un thé chaud et de flocons d’avoine avec du lait en poudre. Pour le pique-nique de demain midi, j’ai prévu de la semoule aux raisins secs, une terrine de pintade, une crêpe, et une gourde de compote. Une fois tout ça avalé, mon sac sera un peu plus léger !

Distance parcourue : 21km